Niveaux de pratique

Permettez-moi de résumer un article du Dr Shen Hongxun, dans sa publication à destination de ses étudiants, Taiji 37 (1992)

Phases de développement

Anciennement et de nos jours encore des tournois de TaijiQuan sont organisés où des jurys apprécient et notent les participants. Le Dr Shen pensait que cela n’était pas la meilleure des façons de procéder. Il disait que le TaijiQuan étant un art martial interne, il devait prioritairement être évalué sur ce qui se passe à l’intérieur.

Il différenciait trois phases du développement de l’énergie interne qui permettent de juger du degré de progression.

1ère phase : C’est l’activation du Dantian inférieur. On ressent une vibration dans le bas-ventre. Il citait la littérature Taiji « Quand le ventre est détendu, l’énergie fait des bulles comme l’eau qui bout ».

2ème phase : Le Dantian pivote et tourne spontanément entrainant l’ensemble du corps. Dans la littérature Taiji : « se mouvoir comme une roue ».

3ème phase : L’esprit active naturellement et régule le Dantian inférieur Dans la littérature Taiji : « Le corps agit comme l’esprit ». On dit également « Lun Cai Hua », c’est-à-dire « librement cueillir des fleurs » .

Mouvement spontané 

Une autre façon d’indiquer la progression dans la littérature Taiji utilise les termes Jing (calme) et Dong (mouvement) :

  1. Trouver le mouvement dans la tranquilité.  Le calme, la tranquilité , c’est le contexte du Taiji 37. Cela fait référence à la pratique des postures du Taiji 37, les exercices Zhan Zhuang où l’on crée le calme (Jing) dans le corps et l’esprit. Vous détendez le corps et vous vous détachez de toute pensée. Après quelque temps, le Yuan Qi commence à circuler et vous devenez si détendu que le Yuan Qi qui circule fera bouger le corps.
  2. Trouver le calme dans le mouvement.  Les mouvements spontanés deviennent plus vigoureux et plus véhéments, le Yuan Qi passe à travers les blocages. Quand les blocages diminuent, le Yuan Qi peut circuler librement dans le corps, et les mouvements spontanés deviennent moins forts et plus subtiles. Il y a alors moins de mouvement « du corps » et plus de mouvement « dans le corps ». 

Remerciements

Mon éternelle gratitude au Dr Shen Hongxun. Il nous a quitté à la Toussaint 2011, quelques jours avant un séminaire de Méditation Chan que j’avais organisé pour lui au CREPS de Lille. Il était arrivé en Belgique en 1987, invité par l’Hôpital universitaire de Gand.

De là, il a rayonné dans de nombreux pays dans le monde, pendant ces 24 années, en donnant divers cours, souvent des séminaires de 3 ou 5 jours. Il a eu de très nombreux étudiants, quelques milliers, notamment en Belgique, Hollande, Grande-Bretagne et France. Un tel homme crée toujours autour de lui une évolution profonde des connaissances et des perceptions du monde. Le Dr Shen n’était pas qu’un maître de Taiji. Il avait étudié avec de nombreux maîtres, et avait lui-même reçu le nom de Lama FoRe et le titre de Lama-Professeur, donnés par le Lama FaHai. Il tenait à son titre de Docteur (médecine occidentale),  et une grande part de ses activités a été consacrée à prendre soin des autres, à améliorer leur santé. Cependant, sa curiosité et son activité étaient impressionnantes, et en plus de la grande créativité dont il a fait preuve dans le domaine de la santé (théorisation et création), il avait toutes les marques de l’expertise d’un vrai lettré quant à la langue chinoise, à l’Histoire et bien d’autres domaines encore.

Mes remerciements également à son fils Shen Zhengyu, pour la qualité de son enseignement de l’épée Taiji.

Mes remerciements aussi à sa fille, Shen Jin, pour sa bienveillance et sa grande patience, pendant les années où elle a remplacé son père dans les cours hebdomadaires à Bruxelles.

Petite chronologie personnelle

J’ai commencé l’étude du Taiji à la fin du mois de  juin 1988 auprès du Dr. Shen Hongxun. C’est tout de suite devenu pour moi une activité épanouissante. En 2007 et 2008, suite aux conseils du Dr. Shen, j’ai créé une ASBL et j’ai commencé à enseigner à Villeneuve d’Ascq et à Enghien pour essayer de transmettre les bienfaits dont j’avais pu profiter.

Aujourd’hui à la retraite de l’Education nationale, je poursuis cet enseignement à Enghien et à Silly.